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journée, sait qu’il a gagné trois francs, par exemple, et auquel on ne donne que vingt sols, ne doit pas, il me semble, aimer beaucoup un travail qui doit ne lui paraître destiné qu’à augmenter les richesses de l’entrepreneur des travaux de la prison.

Les prisonniers donnent le nom de voleurs à ceux qui empochent les intérêts de leur argent. Ont-ils tort ? Je ne veux point répondre à cette question.

La mauvaise nourriture, la saleté dans laquelle on les laisse croupir affaiblissent les organes des prisonniers. N’entendant plus parler du monde extérieur, ils peuvent croire qu’il n’existe plus ; et après un séjour de quelques années dans un bagne ou dans une maison centrale, ils ressemblent plus à des bêtes fauves qu’à des hommes. C’est alors qu’ils contractent l’habitude de la pédérastie, et bientôt leur corps est aussi flétri que leur ame.

L’habitude de la pédérastie est presque générale dans les bagnes et les maisons centrales, et elle est d’autant plus scandaleuse, que les détenus ne cherchent même pas à cacher leur turpitude. Depuis quelques années, l’autorité punit : mais punit seulement ceux qui se lais-