Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/10

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tion à faire ; mais devait-il se départir de sa mission ? il opposa un marché et un commencement d’exécution, en vertu duquel il s’attribuait le droit de me mutiler bon gré malgré, et de m’accommoder jusqu’au bout à sa fantaisie, à moins qu’il ne me plût de lui allouer une indemnité. J’aurais pu à plus juste titre lui demander des dommages et intérêts ; mais où il n’y a ni bien ni honneur, à quoi sert une réclamation de ce genre ? Pour ne pas perdre de temps en débats inutiles, je rachetai mon manuscrit, et j’en payai la rançon sous certaines réserves que je fis in petto.

Dès ce moment, je pris la résolution d’anéantir les pages dans lesquelles ma vie et les diverses aventures dont elle se compose étaient offertes sans excuse. Une lacération complète était le plus sûr moyen de déjouer une intrigue dont il était facile d’apercevoir le but ; mais un premier volume était prêt, et déjà le second était en bon train ; une suppression totale eût été un sacrifice trop considérable pour le libraire : d’un autre côté, par un des plus coupables abus de confiance, le forban qui nous avait fait contribuer, trafiquant d’un exemplaire soustrait frauduleusement, vendait