Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/101

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binés, qu’il fallait absolument succomber. Deux séances me débarrassèrent d’une centaine de louis, et j’en eus assez comme cela ; mais il était écrit que l’argent de la baronne me fausserait bientôt compagnie. L’agent du destin fut une fort jolie femme que je rencontrai dans une table d’hôte, où je mangeais quelquefois. Rosine, c’était son nom, montra d’abord un désintéressement exemplaire. Depuis un mois j’étais son amant en titre, sans qu’elle m’eût rien coûté que des dîners, des spectacles, des voitures, des chiffons, des gants, des rubans, des fleurs, etc., toutes choses qui, à Paris, ne coûtent rien,… quand on ne les paye pas.

Toujours plus épris de Rosine, je ne la quittais pas d’un instant. Un matin, déjeûnant avec elle, je la trouve soucieuse, je la presse de questions, elle résiste, et finit par m’avouer qu’elle était tourmentée pour quelques bagatelles dues à sa marchande de modes et à son tapissier ; j’offre avec empressement mes services ; on refuse avec une magnanimité remarquable, et je ne peux pas même obtenir l’adresse des deux créanciers. Beaucoup d’honnêtes gens se le seraient tenu pour bien dit, mais, véritable paladin, je n’eus pas un instant de repos que