Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/110

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reparut avec deux ou trois sacs d’écus de six francs, qu’il étala sur la table ; mon patron les prend, les examine les uns après les autres avec une attention qui me paraît affectée, en met à part cent cinquante, et compte pareille somme au fermier, en diverses monnaies, plus une prime de six couronnes. Je ne comprenais rien à cette opération ; elle se négociait d’ailleurs dans un patois flamand que je n’entendais qu’imparfaitement. Je fus donc fort étonné, quand, sortis de la ferme, où Christian avait annoncé qu’il reviendrait bientôt, il me donna trois couronnes, en me disant que je devais avoir part aux bénéfices. Je ne voyais pas trop où pouvait être le bénéfice, et je lui en fis l’observation. « C’est mon secret, me répondit-il d’un air mystérieux : tu le sauras plus tard, si je suis content de toi. » Comme je lui fis remarquer qu’il était bien assuré de ma discrétion, puisque je ne savais rien, si ce n’est qu’il changeait des écus contre d’autre monnaie, il me dit que c’était précisément là ce qu’il fallait taire, pour éviter la concurrence ; je me le tins pour dit, et pris l’argent sans trop savoir comment tout cela tournerait.

Pendant quatre jours, nous fîmes de sem-