Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/125

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pable, on s’intéressait à lui ou plutôt à ses enfants, et plusieurs habitants de sa commune avaient présenté en sa faveur des demandes de commutation qui étaient demeurées sans résultat ; le malheureux se désespérait, répétant souvent qu’il donnerait telle ou telle somme pour acheter sa liberté. Grouard et Herbaux, qui restaient à la Tour Saint-Pierre, en attendant le départ de la chaîne, imaginèrent d’obtenir sa grâce au moyen d’un Mémoire qu’ils rédigèrent en commun, ou plutôt ils combinèrent de longue main le plan qui devait m’être si funeste.

Bientôt Grouard se plaignit de ne pas pouvoir travailler tranquillement, au milieu du brouhaha d’une salle qu’il partageait avec dix-huit ou vingt détenus qui chantaient, bavardaient ou se querellaient toute la journée. Boitel, qui m’avait rendu quelques petits services, me pria de prêter ma chambre aux rédacteurs, et je consentis, quoique avec répugnance, à les y laisser quatre heures par jour. Dès le lendemain on s’y installa, et le concierge s’y introduisit plusieurs fois lui-même en secret. Ces allées et venues, le mystère dont on s’entourait, eussent éveillé les soupçons d’un homme familiarisé avec les