Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/134

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moise, un sergent de ville nommé Louis, qui avait eu l’occasion de me voir pendant ma détention, vint à ma rencontre, et me demanda si j’étais libre. Il passait pour une mauvaise pratique ; d’un geste, il pouvait d’ailleurs réunir vingt personnes… Je lui dis que j’étais disposé à le suivre, en le priant de me laisser dire adieu à ma maîtresse, qui se trouvait dans une maison rue de l’Hôpital ; il y consent, et nous trouvons en effet Francine, qui reste fort surprise de me voir en pareille compagnie : je lui dis qu’ayant réfléchi que mon évasion pourrait me nuire dans l’esprit des juges, je me décidais à retourner à la Tour Saint-Pierre pour y attendre l’issue du procès.

Francine ne comprenait pas d’abord que je lui eusse fait dépenser trois cents francs pour retourner au bout de quatre jours en prison. Un signe la mit au fait, et je trouvai même le moyen de lui dire de me mettre des cendres dans ma poche, pendant que nous prenions un verre de rhum, Louis et moi ; puis nous nous mîmes en route pour la prison. Arrivé avec mon guide dans une rue déserte, je l’aveugle avec une poignée de cendres, et regagne mon asile à toutes jambes.