Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/143

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d’abord convaincue ; mais le hasard lui ayant fait découvrir que j’avais passé la nuit chez une femme, sa jalousie sans bornes éclata en reproches sanglants contre mon ingratitude ; dans l’excès de sa fureur, elle jura qu’elle allait me faire arrêter. Me faire mettre en prison, c’était assurément le mode le plus sûr de s’assurer contre mes infidélités ; mais Francine étant femme à le faire comme elle le disait, je crus prudent de laisser s’évaporer sa colère, sauf à reparaître au bout de quelque temps, pour partir avec elle, comme nous en étions convenus. Ayant cependant besoin de mes effets, et ne voulant pas les lui demander, dans la crainte d’une nouvelle explosion, je me rends seul à l’appartement que nous occupions, et dont elle avait la clef. Je force un volet ; je prends ce qui m’était nécessaire, et je disparais.

Cinq jours se passent : vêtu en paysan, je quitte l’asile que je m’étais choisi dans un faubourg ; j’entre en ville, et me présente chez une couturière, amie intime de Francine, dont je comptais employer la médiation pour nous réconcilier. Cette femme me reçoit d’un air tellement mêlé d’embarras, que, craignant de la gêner en l’exposant à se compromettre, je la