Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/165

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autre point de la côte, où les expéditeurs avaient de nombreux correspondants.

De retour chez Peters, où l’on n’arriva qu’à l’aube du jour, je me jetai dans mon hamac, et je n’en sortis qu’au bout de quarante-huit heures ; les fatigues de la nuit, l’humidité qui avait constamment pénétré mes habits, en même temps que l’exercice me mettait tout en sueur, l’inquiétude de ma nouvelle position, tout se réunissait pour m’abattre. La fièvre me saisit. Lorsqu’elle fut passée, je déclarai à Péters que je trouvais décidément le métier trop pénible, et qu’il me ferait plaisir de me donner mon congé. Il prit la chose beaucoup plus tranquillement que je ne m’y attendais, et me fit même compter une centaine de francs. J’ai su depuis qu’il m’avait fait suivre pendant quelques jours, pour s’assurer si je prenais la route de Lille, où je lui avais annoncé que je retournais.

Je pris effectivement le chemin de cette ville, tourmenté par un désir puéril de revoir Francine, et de la ramener avec moi en Hollande, où je formais le projet d’un petit établissement. Mais mon imprudence fut bientôt punie : deux gendarmes, qui étaient à boire dans un cabaret, m’aperçurent traversant la rue ; il leur vient à