Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/171

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le dégât : des ouvriers arrivèrent, et l’on posa au bas de l’escalier de la tour un factionnaire, avec ordre de ne laisser passer qui que ce fût. L’idée me vint de violer adroitement la consigne, et de sortir par cette même brèche qui aurait dû servir à ma fuite.

Francine, qui venait me voir tous les jours, m’apporte trois aunes de ruban tricolore, que je l’envoie chercher tout exprès. D’un morceau, je me fais une ceinture, je garnis mon chapeau du reste, et je passe, ainsi affublé, devant le factionnaire, qui, me prenant pour un officier municipal, me présente les armes. Je monte rapidement les escaliers ; arrivé à l’ouverture, je la trouve gardée par deux factionnaires placés, l’un dans le grenier de l’hôtel de Ville, l’autre dans le corridor de la prison. Je dis à ce dernier qu’il est impossible qu’un homme ait pu passer par cette ouverture ! il me soutient le contraire ; et, comme si je lui eusse donné le mot, son camarade ajoute que j’y passerais tout habillé. Je témoigne le désir d’essayer ; je me glisse dans l’ouverture, et me voilà dans le grenier. Feignant de m’être blessé au passage, je dis à mes deux hommes que, puisque je suis de ce côté, je vais descendre tout de suite à mon cabinet.