Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/19

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deux sergents de ville, et conduit aux Baudets, maison de dépôt où l’on renfermait les fous, les prévenus et les mauvais sujets du pays. L’on m’y tint dix jours au cachot, sans vouloir me faire connaître les motifs de mon arrestation ; enfin le geôlier m’apprit que j’avais été incarcéré à la demande de mon père. Cette nouvelle calma un peu mes inquiétudes : c’était une correction paternelle qui m’était infligée, je me doutais bien qu’on ne me tiendrait pas rigueur. Ma mère vint me voir le lendemain, j’en obtins mon pardon ; quatre jours après j’étais libre, et je m’étais remis au travail avec l’intention bien prononcée de tenir désormais une conduite irréprochable. Vaine résolution !

Je revins promptement à mes anciennes habitudes, sauf la prodigalité, attendu que j’avais d’excellentes raisons pour ne plus faire le magnifique ; mon père, que j’avais vu jusqu’alors assez insouciant, était d’une vigilance qui eût fait honneur au commandant d’une grand’-garde. Était-il obligé de quitter le poste du comptoir, ma mère le relevait aussitôt : impossible à moi d’en approcher, quoique je fusse sans cesse aux aguets. Cette permanence me désespérait. Enfin, un de mes compagnons de taverne prit