Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/212

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on m’assurait que du bagne je pourrais présenter une demande en grâce, qui produirait le même effet. Nous restâmes cependant encore plusieurs mois à Douai, ce qui me fit regretter amèrement de ne m’être pas pourvu en cassation.

L’ordre de translation arriva enfin, et ce qu’on croira peut-être difficilement de la part d’hommes qui vont aux galères, il fut reçu avec enthousiasme, tant on était fatigué des vexations du concierge Marin. Notre nouvelle position n’était cependant rien moins que satisfaisante : l’huissier Hurtrel, qui nous accompagnait, je ne sais pourquoi, avait fait fabriquer des fers d’un nouveau modèle au moyen desquels nous avions chacun à la jambe un boulet de quinze livres, en même temps que nous étions attachés deux à deux par un large bracelet de fer. Du reste, la surveillance la plus active. Il devenait donc impossible de songer à rien tenter par adresse. Une attaque de vive force pouvait seule nous sauver ; j’en fis la proposition : mes compagnons, au nombre de quatorze, l’acceptèrent, et il fut convenu que le projet s’exécuterait à notre passage dans la forêt de Compiègne. Desfosseux était du voyage ; au moyen des scies qu’il portait toujours dans ses intestins, nos fers furent coupés en trois