Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/220

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corps de bâtiment, dit de la Force, comprenait enfin diverses salles où l’on déposait les condamnés arrivant de la province, et destinés comme nous pour la chaîne.

À cette époque, la prison de Bicêtre, qui n’est forte que par l’extrême surveillance qu’on y exerce, pouvait contenir douze cents détenus, mais ils étaient entassés les uns sur les autres, et la conduite des guichetiers ne tendait nullement à adoucir ce que cette position avait de fâcheux : l’air renfrogné, la voix rauque, le propos brutal ; ils affectaient de bourrer les détenus, et ne se déridaient qu’à l’aspect d’un écu. Ils ne réprimaient, du reste, aucun vice, et pourvu qu’on ne cherchât pas à s’évader, on pouvait faire dans la prison tout ce que bon semblait, sans être dérangé ni inquiété. Tandis que des hommes condamnés pour ces attentats à la pudeur qu’on ne nomme pas, tenaient ouvertement école pratique de libertinage, les voleurs exerçaient leur industrie dans l’intérieur de la prison, sans qu’aucun employé s’avisât d’y trouver à redire.

Arrivait-il de la province quelque homme bien vêtu, qui, condamné pour une première