Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/241

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Ceux qui visit’nt le bagne
N’ s’en vont jamais sans acheter.
Avec ce produit d’ l’aubaine,
Nous nous arrosons l’gosier.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .



Quand vient l’heur’de s’bourrer l’ventre,
En avant les haricots !
Ça n’est pas bon, mais ça entre
Tout comm’ le meilleur fricot.
Notr’ guignon eût été pire,
Si, comm’ des jolis cadets,
On nous eût fait raccourcire
À l’abbaye d’Mont-à-r’gret.

Tous nos compagnons n’étaient pas également heureux : dans le troisième cordon, composé des condamnés les moins turbulents, on entendait éclater des sanglots, on voyait couler des larmes amères ; mais ces signes de douleur ou de repentir étaient accueillis par les huées et les injures des deux autres cordons, où je figurais en première ligne, comme un sujet dangereux par son adresse et son influence. J’y avais près de moi deux hommes, l’un ex-maître d’école, condamné pour viol ; l’autre, ex-officier de santé, condamné pour faux, qui, sans montrer