Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/242

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ni allégresse ni abattement, causaient ensemble du ton le plus calme, le plus naturel.

« Nous allons à Brest ? disait le maître d’école.

— Oui, répondait l’officier de santé, nous allons à Brest… Je connais le pays, moi… J’y suis passé étant sous-aide dans la 16e demi-brigade… Bon pays, ma foi… je ne suis pas fâché de le revoir.

— Y a-t-on de l’agrément ? reprenait le pédagogue, qui ne me faisait pas l’effet d’être très fort.

— De l’agrément… ? disait sont interlocuteur, d’un air un peu étonné…

— Oui…, de l’agrément… Je veux demander si l’on peut se procurer quelques douceurs, si on est bien traité… si les vivres sont à bon marché.

— D’abord, vous serez nourri, répondait tranquillement l’interlocuteur…, et bien nourri ; car au bagne de Brest, il ne faut que deux heures pour trouver une gourgane dans la soupe, tandis qu’il faut huit jours à Toulon. »

Ici la conversation fut interrompue par de grands cris, partis du second cordon ; on y assommait à coups de chaînes trois condamnés, l’ex-commissaire des guerres Lemière, l’offi-