Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/25

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culotte, il ne me restait pas une pièce de monnaie. Alors il me devint trop clair que, suivant le désir du courtier, mon affaire avait été bientôt faite. J’étais transporté de fureur ; mais à qui m’en prendre : il ne m’aurait pas même été possible d’indiquer l’endroit où l’on m’avait dépouillé de la sorte ; j’en pris mon parti, et je retournai à l’auberge, où quelques hardes que j’avais encore pouvaient combler le déficit de ma toilette. Je n’eus pas besoin de mettre mon hôte au fait de ma mésaventure. « Ah ! ah ! me dit-il, d’aussi loin qu’il put m’apercevoir, en voilà encore un. Savez-vous, jeune homme, que vous en êtes quitte à bon compte ? vous revenez avec tous vos membres, c’est bien heureux quand on va dans des guêpiers pareils : vous savez à présent ce qu’est un musicos ; il y avait au moins de belles sirènes ! tous les flibustiers, voyez-vous, ne sont pas sur la mer, ni les requins dedans ; je gage qu’il ne vous reste pas une plaquette. » Je tirai fièrement mes deux écus pour les montrer à l’aubergiste. « Ce sera, reprit-il, pour solder votre dépense. » Aussitôt il me présenta ma note ; je le payai et pris congé de lui, sans cependant quitter la ville.