Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/251

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franchir, il fallait donc quelque chose qui ressemblât à une échelle : une perche m’en tint lieu, mais elle était si lourde et si longue, qu’il me fut impossible de la passer par-dessus le mur, pour descendre de l’autre côté. Après des efforts aussi vains que pénibles, je dus prendre le parti de risquer le saut ; il me réussit fort mal : je me foulai si violemment les deux pieds, qu’à peine eus-je la force de me traîner dans un buisson voisin. J’espérais que, la douleur se calmant, je pourrais fuir avant le jour, mais elle devenait de plus en plus vive, et mes pieds se gonflèrent si prodigieusement, qu’il fallut renoncer à tout espoir d’évasion. Je me traînai alors de mon mieux jusqu’à la porte du dépôt, pour y rentrer de moi-même, espérant obtenir aussi une remise sur le nombre de coups de bâton qui me revenait de droit. Une sœur que je fis demander, et à laquelle j’avouai le cas, commença par me faire passer dans une salle où mes pieds furent pansés. Cette excellente femme, que j’avais apitoyée sur mon sort, alla solliciter pour moi le commissaire du dépôt, qui lui accorda ma grâce. Quand, au bout de trois semaines, je fus guéri complètement, on me conduisit à Brest.

Le bagne est situé dans l’enceinte du port ;