Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/284

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Saint-Pierre-Martinique. (Je fis un mouvement). Oui, il est mort il y a deux ans, mais personne n’en sait rien ici, tant il y a d’ordre dans nos hôpitaux des colonies. Maintenant, je puis vous donner sur sa famille assez de renseignements pour que vous vous fassiez passer pour lui, même aux yeux des parents ; cela sera d’autant plus facile, qu’il était parti fort jeune de la maison paternelle. Pour plus de sûreté, vous pouvez d’ailleurs feindre un affaiblissement d’esprit, causé par les fatigues de la mer et par les maladies. Il y a autre chose : avant de s’embarquer, Auguste Duval s’était fait tatouer sur le bras gauche un dessin, comme en ont la plupart des marins et des soldats ; je connais parfaitement ce dessin : c’était un autel surmonté d’une guirlande. Si vous voulez vous faire mettre au cachot avec moi pour quinze jours, je vous ferai les mêmes marques, de manière à ce que tout le monde s’y méprenne. »

Mon convive paraissait franc et ouvert : j’expliquerai l’intérêt qu’il prenait à mon affaire par ce désir de faire pièce à la justice, dont sont animés tous les détenus ; pour eux, la dépister, entraver sa marche, ou l’induire en erreur,