Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/29

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comme il faut, entends-tu ? Après tu nettoieras les cages des animaux, et tu balaieras la salle. » J’allais faire un métier qui ne me plaisait guère : le suif me dégoûtait, et je n’étais pas trop à mon aise avec les singes, qui, effarouchés par un visage qu’ils ne connaissaient pas, faisaient des efforts incroyables pour m’arracher les yeux. Quoi qu’il en soit, je me conformai à la nécessité. Ma tâche remplie, je parus devant le directeur, qui me déclara que j’étais son affaire, en ajoutant que si je continuais à montrer du zèle, il ferait quelque chose de moi. Je m’étais levé matin, j’avais une faim dévorante, il était dix heures, je ne voyais pas qu’il fût question de déjeuner, et pourtant il était convenu qu’on me donnerait le logement et la table ; je tombais de besoin, quand on m’apporta enfin un morceau de pain bis, si dur, que, ne pouvant l’achever, bien que j’eusse des dents excellentes et un rude appétit, j’en jetai la plus grande partie aux animaux. Le soir, il me fallut illuminer ; et comme, faute d’habitude, je ne déployais pas dans ces fonctions toute la célérité convenable, le directeur, qui était brutal, m’administra une petite correction qui se renouvela le lendemain et jours suivants. Un mois ne s’était