Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/291

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qu’il eût pu se procurer dans l’intérieur de l’hôpital, étant beaucoup trop petits, il fallut surseoir à l’exécution de ce projet.

Sur ces entrefaites, vint à passer devant mon lit une des sœurs de la maison, que j’avais déjà plusieurs fois remarquée dans des intentions assez mondaines : ce n’est pas que sœur Françoise fût une de ces religieuses petites-maîtresses, comme on en voyait dans l’opéra des Visitandines, avant que les nonnes eussent été transformées en pensionnaires, et que la guimpe eût été remplacée par le tablier vert. Sœur Françoise avouait trente-quatre ans. Elle était brune, haute en couleur, et ses robustes appas faisaient plus d’une passion malheureuse, tant parmi les carabins que parmi les infirmiers. En voyant cette séduisante créature qui pouvait peser entre un et deux quintaux, l’idée me vint de lui emprunter, pour un instant, son harnais claustral ; j’en parlai à mon infirmier comme d’une idée folle ; mais il prit la chose au sérieux, et promit de me procurer, pour la nuit suivante, une partie de la garde-robe de sœur Françoise. Vers deux heures du matin, je le vis en effet arriver avec un paquet contenant robe, guimpe, bas, etc., qu’il avait enlevé de la cellule de la sœur, pen-