Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/32

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

appela mon ami Paillasse, à qui il commanda de lui apporter la peau de tigre et la massue : Paillasse revint avec les objets demandés. « À présent, reprit Garnier, nous allons faire une répétition. Tu es un jeune sauvage de la mer du Sud, et, qui plus est, un anthropophage ; tu manges de la chair crue, la vue du sang te met en fureur, et quand tu as soif, tu t’introduis dans la bouche des cailloux que tu broies ; tu ne pousses que des sons brusques et aigus, tu ouvres de grands yeux, tes mouvements sont saccadés, tu ne vas que par sauts et par bonds ; enfin, prends exemple sur l’homme des bois qui est ici dans la cage no 1. » Pendant cette instruction, une jatte pleine de petits cailloux parfaitement arrondis était à mes pieds, et tout près de là un coq qui s’ennuyait d’avoir les pattes liées ; Garnier le prit et me le présenta en disant : « Mords là-dedans. » Je ne voulus pas mordre ; il insista avec des menaces ; je m’insurgeai et fis aussitôt la demande de mon congé ; pour toute réponse, on m’administra une douzaine de soufflets ; Garnier n’y allait pas de main morte. Irrité de ce traitement, je saisis un pieu, et j’aurais infailliblement assommé monsieur le naturaliste, si toute