Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/35

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sions que rire, jouer, plaisanter : le mari d’Élisa prenait tout cela pour des enfantillages. Pendant le travail, nous nous trouvions côte à côte sous une étroite cabane formée de quatre lambeaux de toile, décorée du titre pompeux de Théâtre des Variétés amusantes. Élisa était à la droite de son mari, et moi j’étais à la droite d’Élisa, que je remplaçais lorsqu’elle n’était plus là pour surveiller les entrées et les sorties. Un dimanche, le spectacle était en pleine activité, il y avait foule autour de l’échoppe, Polichinel avait battu tout le monde ; notre bourgeois n’ayant plus que faire d’un de ses personnages (c’était le sergent du guet), veut qu’on le mette au rancart, et demande le commissaire ; nous n’entendons pas : le commissaire ! le commissaire ! répète-t-il avec impatience, et à la troisième fois il se retourne et nous aperçoit l’un et l’autre dans une douce étreinte. Élisa, surprise, cherche une excuse, mais le mari, sans l’écouter, crie encore : le commissaire ! et lui plonge dans l’œil le crochet qui sert à suspendre le sergent. Au même instant le sang coule, la représentation est interrompue, une bataille s’engage entre les deux époux, l’échoppe est renversée, et nous restons à découvert au milieu d’un cercle nombreux de spec-