Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/379

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et resta stupéfait, en voyant les barils rangés, les bondons en tkssous. Lorsqu’on vint à décharger la gabare, il se trouva répandu dans la cale assez d’huile pour en emplir neuf barils. Le propriétaire ayant fait lever quelques planches, on trouva encore de quoi remplir cinq autres ; en sorte que du simple chargement d’une allège on avait distrait quatorze barils. Ce qu’on aura peine à croire, c’est que l’équipage, loin de convenir de ses torts, eut l’impudence de prétendre qu’on le privait d’un profit qui lui appartenait.

Non contents de dilapidations de ce genre, les chevau-légers réunis aux gabariers chasseurs, enfonçaient pendant la nuit des barriques de sucre, dont le contenu disparaissait entièrement, emporté par portions dans des sacs noirs, qu’on appelait black-tops (bandes noires). Des constables, venus à Paris en mission, et avec lesquels j’ai dû être mis en rapport, m’ont assuré qu’en une nuit, il avait été ainsi enlevé de divers vaisseaux jusqu’à vingt barriques de sucre, et jusqu’au rhum extrait au moyen d’une pompe (gigger), et dont on remplit des vessies. Les bâtiments à bord desquels se pratiquait ce trafic étaient désignés sous le nom de game ships