Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/401

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ces organisations solides qui semblent être à l’épreuve des ans, il était encore vigoureux. C’était une de ces tailles carrées qui ne s’usent pas. Je crois le voir avec sa petite queue, ses cheveux gris poudrés, et son visage en courroux, qui allait si bien au métier qu’il faisait. Jamais il ne parlait sans mettre son bâton sur le tapis. C’était pour lui un plaisir de raconter les nombreuses bastonnades qu’il avait données ou fait donner. Continuellement en guerre avec les forçats, il n’y avait pas une de leurs ruses qu’il ne connût. Sa défiance était si grande, que souvent même il les accusait de comploter quand ils ne songeaient à rien. On doit penser qu’il n’était pas facile d’adoucir un pareil Cerbère. J’essayai cependant de captiver sa bienveillance ; c’était une entreprise dans laquelle personne n’avait encore réussi : bientôt je reconnus que je ne m’étais pas leurré d’un vain espoir ; je gagnais visiblement dans son esprit. Le père Mathieu m’adressait quelquefois la parole ; c’était, me disaient les anciens, un signe que je lui convenais beaucoup ; il n’y avait donc pas d’inconvénient à ce que je lui demandasse une grâce. Je le priai de me permettre de fabriquer des jouets d’enfants avec des morceaux