Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/408

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qu’il était innocent du faux qu’on lui a imputé ; mais c’est lui que, sous mes prénoms, la cour de Douai a condamné, c’est lui qui s’est évadé du bagne de Brest ; aujourd’hui, réfugié en Angleterre, il est libre, et moi, victime d’une funeste méprise, il me faut subir sa peine ; ai-je été malheureux de lui ressembler ! Sans cette circonstance, je n’aurais pas été conduit à Bicêtre, les gardiens de cette maison n’auraient pas déclaré qu’ils me reconnaissaient. En vain ai-je sollicité une enquête, c’est parce qu’on s’en est rapporté à leur témoignage que l’on a admis une identité qui n’existe pas. Enfin, l’erreur est consommée, je suis bien à plaindre ! Je sais qu’il ne dépend pas de vous de faire réformer une décision sans appel, mais il est une grâce que vous pouvez m’accorder ; par mesure de sûreté, l’on m’a mis à la salle des suspects, où je me trouve jeté au milieu d’un ramas de voleurs, d’assassins, de scélérats endurcis. À chaque instant, je frémis au récit des crimes qu’ils ont commis, comme à l’espoir de ceux qu’ils commettraient encore si jamais ils parvenaient à se délivrer de leurs fers. Ah ! je vous en supplie, au nom de tous les sentiments