Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/414

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nous y fûmes arrivés, elle m’annonça qu’elle allait me laisser un moment seul. « Il faut que j’avertisse mon amant, dit-elle, je serai bientôt de retour. » Les femmes sont quelquefois si bonnes comédiennes, que, malgré tant de démonstrations bienveillantes, je redoutais quelque perfidie ; peut-être Célestine ne sortait-elle que pour me dénoncer ; elle n’était pas encore dans la rue, que je descends rapidement l’escalier : « Eh bien ! eh bien ! s’écrie cette fille, n’as-tu pas peur ? Si tu te méfies, viens avec moi plutôt. » Je crus qu’il était prudent de la veiller de près ; nous nous acheminons ensemble pour nous rendre je ne sais où. À peine avons-nous fait quelques pas, que vient à passer un convoi funèbre. « Suis l’enterrement, me dit ma protectrice, tu es sauvé », et sans que j’aie le temps de la remercier, elle disparaît. Le cortège était nombreux, je me mêlai à la foule des assistants, et pour que l’on ne me crût pas étranger à la cérémonie, je liai conversation avec un vieux marin, dont quelques mots me mirent à même de célébrer les vertus du défunt. Je me convainquis bientôt que Célestine ne m’avait pas trompé. Quand j’eus laissé derrière moi ces remparts, dont il m’importait