Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/424

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homme qu’à sa tenue moitié rustique moitié bourgeoise, on eût pris pour un riche propriétaire de campagne : ce fut à ce personnage qu’on me présenta : « Je suis charmé de vous voir, me dit-il : on m’a parlé de votre sang-froid, et je suis averti de ce que vous valez. Si vous souhaitez partager nos périls, vous trouverez ici amitié et franchise ; nous ne vous connaissons pas, mais avec un physique tel que le vôtre, on a partout des amis. D’abord, tous les honnêtes gens sont les nôtres, de même que tous les gens courageux : car nous ne prisons pas moins la probité que la bravoure. » Après ce discours, qui ne pouvait m’être adressé que par Roman, les deux Bisson, et ensuite tous les assistants, me donnèrent l’accolade fraternelle. Telle fut cette réception dans cette société, à laquelle son chef attribuait un but politique : ce qu’il y a de certain, c’est qu’après avoir commencé comme les Chouans par arrêter les diligences qui portaient l’argent de l’État, Roman en était venu à détrousser les voyageurs. Les réfractaires dont sa troupe se composait en grande partie avaient eu quelque peine à se faire à ce genre d’expédition, mais les habitudes de vagabondage, l’oisiveté, et surtout la