Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/428

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dont il me semble avoir lu autrefois la recette dans Berquin. Roman reparut tenant dans sa main autant de brins de paille qu’il y avait d’individus présents : « Faites bien attention, leur dit-il, que le brin le plus long désignera le voleur. » On procède au tirage ; et quand il est terminé, chacun s’empresse de rapporter sa paille… Une seule est plus courte que les autres. C’est un nommé Joseph d’Oriolles qui la présente. « C’est donc toi ? lui dit Roman : toutes les pailles étaient de même longueur ; tu as raccourci la tienne, tu t’es vendu toi-même… »

Aussitôt l’on fouilla Joseph, et l’argent volé fut trouvé dans sa ceinture. Ma justification était complète. Roman lui-même me fit des excuses ; en même temps il me déclara que j’avais cessé de faire partie de sa troupe : « C’est un malheur, ajouta-t-il, mais vous sentez qu’ayant été aux galères… » Il n’acheva pas, me mit quinze louis dans la main et me fit promettre de ne pas parler de ce que j’avais vu, avant vingt-quatre jours. – Je fus discret.