Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/44

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gissait d’arroser mes galons, et je m’en acquittais avec éclat à la cantine, lorsque, je ne sais plus à quel propos, j’eus une querelle avec le sergent-major de la compagnie d’où je sortais : une partie d’honneur que je proposai fut acceptée ; mais une fois sur le terrain, mon adversaire prétendit que la différence de grade ne lui permettait pas de se mesurer avec moi ; je voulus l’y contraindre en recourant aux voies de fait ; il alla se plaindre, et le soir même on me mit à la garde du camp avec mon témoin. Deux jours après on nous avertit qu’il était question de nous traduire devant un conseil de guerre ; il était urgent de déserter, c’est ce que nous fîmes. Mon camarade en veste, en bonnet de police, et dans l’attitude d’un soldat en punition, marchait devant moi, qui avait conservé mon bonnet à poil, mon sac et mon fusil, à l’extrémité duquel était en évidence un large paquet cacheté de cire rouge, et portant une suscription : Au citoyen commandant de place à Vitry-le-Français : c’était là notre passeport ; il nous fit arriver sans encombre à Vitry, où un Juif nous procura des habits bourgeois. À cette époque, les murs de chaque ville étaient couverts de placards, dans lesquels on conviait tous