Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

élèves, et je fis une ample moisson de florins.

J’étais tout fier de mes succès, lorsqu’à la suite d’un démêlé un peu trop vif avec un brigadier de service, je fus condamné à recevoir vingt coups de schlag, qui, selon la coutume, me furent distribués à la parade. Cette exécution me transporta de fureur ; je refusai de donner leçon ; on m’ordonna de continuer en me laissant l’option entre l’enseignement et une correction nouvelle, je choisis l’enseignement ; mais la schlag me restait sur le cœur, et je résolus de tout braver pour m’en affranchir. Informé qu’un lieutenant se rendait au corps d’armée du général Schroeder, je le suppliai de m’emmener comme domestique ; il y consentit dans l’espoir que je ferais de lui un Saint-Georges ; il s’était trompé : aux approches du Quesnois, je lui brûlai la politesse et me dirigeai sur Landrecies, où je me présentai comme un Belge qui abandonnait les drapeaux de l’Autriche. On me proposa d’entrer dans la cavalerie : la crainte d’être reconnu et fusillé si jamais je me trouvais de brigade avec mon ancien régiment, me fit donner la préférence au 14e léger (anciens chasseurs des barrières). L’armée de Sambre-et-Meuse marchait alors