Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/8

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tout-à-fait dépourvue de vie, de couleur et de rapidité. Sauf quelques altérations, les faits étaient bien les mêmes, mais tout ce qu’il y avait de fortuit, d’involontaire, de spontané dans les vicissitudes d’une carrière orageuse, ne s’y présentait plus que comme une longue préméditation du mal. L’empire de la nécessité était soigneusement dissimulé ; j’étais en quelque sorte le Cartouche de l’époque, ou plutôt un autre Compère Matthieu, n’ayant ni sensibilité, ni conscience, ni regrets, ni repentir. Pour comble de disgrâce, la seule intention qui pût justifier quelques aveux d’une sincérité peu commune, devenait imperceptible, je n’étais plus qu’un éhonté qui, accoutumé à ne plus rougir, joint à l’immoralité de certaines actions, celle de se complaire à les raconter. Pour me déconsidérer sous d’autres rapports, on me prêtait encore un langage d’une trivialité que rien ne rachette. De bonne foi, je me sentais intérieurement humilié de ce que la presse avait reproduit des détails que je n’aurais pas manqué de faire disparaître, si je n’avais pas compté sur la révision d’un homme de goût. J’étais choqué de cette multitude de locutions vicieuses, de tournures