Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pas fâché de me compter parmi les siens. Dufailli qui n’avait pas encore perdu l’usage de la parole, m’exhorta vivement à profiter de l’occasion ; c’était le bon conseil qu’il avait promis de me donner, je le suivis. Il fut convenu que je ferais la course, et que, dès le lendemain, on me présenterait à l’armateur, M. Choisnard, qui m’avancerait quelque argent.

Il ne faut pas demander si je fus fêté par mes nouveaux camarades ; le capitaine leur avait ouvert un crédit de mille écus dans l’hôtel, et plusieurs d’entre eux avaient en ville des réserves dans lesquelles ils allèrent puiser. Je n’avais pas encore vu une pareille profusion. Rien de trop cher ni de trop recherché pour des corsaires. M. Boutrois, pour les satisfaire, fut obligé de mettre à contribution la ville et les environs : peut-être même dépêcha-t-il des courriers, afin d’alimenter cette bombance, dont la durée ne devait pas se borner à un jour. Nous étions le lundi, mon compagnon n’était pas dégrisé le dimanche suivant. Quant à moi, mon estomac répondait de ma tête, elle ne reçut pas le moindre échec.

Dufailli avait oublié la promesse que nous avions faite à nos particulières ; je l’en fis souvenir,