Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/12

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individu se mettent sur leur séant, ce sont aussi des forçats.

Il y avait de quoi se croire encore à la salle n° 3. Enfin, je quitte à mon tour le grabat ; à peine ai-je mis le pied sur le carreau, qu’un cri général s’élève : « C’est Vidocq ! ! ! » On s’empresse, on me félicite. L’un des voleurs du Garde-Meuble, Charles Deschamps, qui s’était sauvé peu de jours après moi, me dit que tout le bagne était dans l’admiration de mon audace et de mes succès. Neuf heures sonnent : on m’emmène déjeuner aux Brotaux, où je trouve les frères Quinet, Bonnefoi, Robineau, Métral, Lemat, tous fameux dans le Midi. On m’accable de prévenances, on me procure de l’argent, des habits, et jusqu’à une maîtresse.

J’étais là, comme on voit, dans la même position qu’à Nantes. Je ne me souciais pas plus qu’en Bretagne, d’exercer le métier de mes amis, mais je devais recevoir de ma mère un secours pécuniaire, et il fallait vivre en attendant. J’imaginais que je parviendrais à me faire nourrir quelque temps sans travailler. Je me proposais rigoureusement de n’être qu’en subsistance parmi les voleurs ; mais l’homme propose, et Dieu dispose. Les évadés,