Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/127

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fièvre, je m’imagine que mon cerveau grossit. On bat la générale ; j’entends crier Aux armes ! et de la plante des pieds aux cheveux, la terreur me galope ; un véritable délire s’empare de moi. Je saute sur mes bottes, j’essaie de les mettre ; impossible, elles sont trop étroites ; mes jambes sont engagées dans les tiges, je veux les retirer, je ne puis pas en venir à bout. Durant ces efforts, chaque seconde accroît ma peur : enfin tous les camarades sont habillés ; le silence qui règne autour de moi m’avertit que je suis seul, et tandis que de toutes parts on court aux pièces, sans m’inquiéter de l’incommodité de ma chaussure, je fuis en toute hâte à travers la campagne, emportant mes vêtements sous mon bras.

» Le lendemain, je reparus au milieu de tout mon monde, que je retrouvai vivant. Honteux d’une poltronnerie dont je m’étonnais moi-même, j’avais fabriqué un conte qui, si on eût pu le croire, m’aurait fait la réputation d’un intrépide. Malheureusement on ne donna pas dans le paquet aussi facilement que je l’avais imaginé ; personne ne fut la dupe de mon mensonge ; c’était à qui me