Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/130

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» Il existait un témoin de cette action : mes mains, mon visage, mes vêtements brûlés, les flancs déjà charbonnés d’un caisson, tout déposait de mon courage. J’aurais été fier sans un souvenir ; je n’étais que satisfait : mes camarades ne m’accableraient plus de leurs grossières plaisanteries. Nous nous remettons en route. À peine avons-nous fait quelques pas, l’atmosphère est en feu, sept incendies sont allumés à la fois, le foyer de cette vive et terrible lumière est sur le port ; les ardoises pétillent à mesure que les toits sont embrasés ; on croirait entendre la fusillade ; des détachements, trompés par cet effet, dont ils ignorent la cause, circulent dans tous les sens pour chercher l’ennemi. Plus près de nous, à quelque distance des chantiers de la marine, des tourbillons de fumée et de flammes s’élèvent d’un chaume, dont les ardents débris se dispersent au gré des vents ; des cris plaintifs viennent jusqu’à nous, c’est la voix d’un enfant ; je frémis ; il n’est plus temps peut-être ; je me dévoue, l’enfant est sauvé, et je le rends à sa mère, qui, s’étant écartée un moment, accourait éplorée pour le secourir.

» Mon honneur était suffisamment réparé :