Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/171

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et en donnant cet avertissement, je me fendis sur mon homme que j’atteignis au téton droit. – Je suis blessé, dit-il alors, est-ce au premier sang ? – Oui, au premier sang, lui répondis-je – et sans plus attendre, je me mis en devoir de déchirer ma chemise, pour panser sa blessure. Il fallut lui découvrir la poitrine ; j’avais deviné la place de la tête du serpent, qui venait comme lui mordre l’extrémité du sein ; c’était là que j’avais visé.

En voyant que j’examinais alternativement ce signe et les traits de son visage, mon adversaire ne laissait pas de concevoir de l’inquiétude ; je m’empressai de le rassurer, par ces paroles que je lui dis à l’oreille : – Je sais qui tu es ; mais ne crains rien, je suis discret. – Je te connais aussi, me répondit-il, en me serrant la main, et je me tairai. Celui qui me promettait ainsi son silence, était un forçat évadé du bagne de Toulon. Il m’indiqua son nom d’emprunt, et m’apprit qu’il était maréchal des logis-chef au 10e de dragons où il éclipsait par son luxe tous les officiers du régiment.

Tandis qu’avait lieu cette reconnaissance, l’individu dont j’avais pris la défense en véritable redresseur de torts, essayait de laver, dans