Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/172

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un ruisseau, le plus gros de la souillure dont il était couvert ; il revint promptement auprès de nous : tout le monde était plus calme ; il ne fut plus question du différend, et l’envie de rire avait fait place à un désir sincère de réconciliation. La maréchal des logis-chef, que je n’avais blessé que très légèrement, proposa de signer la paix au Canon d’or, où il y avait toujours d’excellentes matelotes, et des canards plumés d’avance. Il nous y paya un déjeuner de prince, qui se prolongea jusqu’au souper, dont la partie adverse fit les frais.

La journée complète, on se sépara. Le maréchal des logis-chef me fit promettre de le revoir, et le sergent ne fut pas content que je ne l’eusse accompagné chez lui.

Ce sergent était M. Bertrand ; il occupait dans la haute ville, un logement d’officier supérieur ; dès que nous y fûmes seuls, il me témoigna sa reconnaissance avec toute la chaleur dont est capable, après boire, un poltron que l’on a sauvé d’un grand danger : il me fit des offres de service de toute espèce et comme je n’en acceptais aucune : – Vous croyez peut-être, me dit-il, que je ne puis rien ; il n’est point de petit