Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/195

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avaient, au mépris des lois de la guerre, dépouillé un capitaine anglais. Comme ils n’avaient pas été contraints de restituer, ils apportaient avec eux des guinées, qu’ils dépensaient rondement. Nous étions tous satisfaits : le geôlier, qui recueillait jusqu’aux moindres gouttes de cette pluie d’or, était si content de ses hôtes nouveaux, qu’il se relâchait à plaisir de sa surveillance. Cependant, il y avait dans notre salle trois individus condamnés à la peine capitale, Lelièvre, Christiern et le Piémontais Orsino, ancien chef des barbets, qui, ayant rencontré, près d’Alexandrie, un détachement de conscrits dirigés sur la France, s’était glissé dans leurs rangs, où il avait pris la place et le nom d’un déserteur de bonne volonté. Orsino, depuis qu’il était sous les drapeaux, avait tenu une conduite irréprochable ; mais il s’était perdu par une indiscrétion : sa tête avait été mise à prix dans son pays, et c’était à Turin qu’elle devait tomber. Cinq autres prisonniers étaient sous le poids de graves accusations. C’étaient d’abord quatre marins de la garde, deux Corses et deux Provençaux, à qui l’on imputait l’assassinat d’une paysanne dont ils avaient volé la croix d’or et les boucles d’argent. Le cinquième avait,