Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/197

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bien qu’il semblait que la prison fût mon élément, et que chacun était induit à présumer que je m’y trouvais comme le poisson dans l’eau. Je ne m’y grisai pourtant qu’une seule fois : ce fut en l’honneur du retour de Christiern. La nuit tout le monde ronflait ; sur les deux heures du matin, j’éprouve une soif ardente, j’avais le feu dans le corps ; je me lève et à demi éveillé je me dirige vers la croisée : je veux boire ; infernale méprise ! Je m’aperçois qu’au lieu de puiser au bidon, c’est dans le baquet que j’ai puisé mon gogueneau ; je suis empoisonné. Au jour, je n’étais pas encore parvenu à réprimer les plus épouvantables contractions d’estomac ; un porte-clefs entre pour annoncer que l’on va faire la corvée : c’est une occasion de prendre le grand air, et cela contribuera peut-être à me remettre le cœur ; je m’offre à la place d’un corsaire, dont je revêts les habits ; et, en traversant la cour, je rencontre un sous-officier de ma connaissance, qui arrivait la capote sur le bras. Il m’annonça qu’ayant fait du bruit au spectacle, et condamné à un mois de prison, il venait de lui-même se faire écrouer. – En ce cas, lui dis-je, tu vas commencer tes fonctions