Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/198

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dès à présent ; voici le baquet. Le sous-officier était accommodant ; il ne se fit pas tirer l’oreille ; et pendant qu’il faisait la corvée, je passai raide devant la sentinelle, qui ne fit pas attention à moi.

Sorti du château, je pris aussitôt mon essor vers la campagne, et je ne m’arrêtai qu’au pont de brique, dans un petit ravin, où je réfléchis un instant aux moyens de déjouer les poursuites ; j’eus d’abord la fantaisie de me rendre à Calais, mais ma mauvaise étoile m’inspira de revenir à Arras. Dès le soir même, j’allai coucher dans une espèce de ferme qui était un relais de mareyeurs. L’un d’eux, qui était parti de Boulogne trois heures après moi, m’apprit que toute la ville était plongée dans la tristesse par l’exécution de Christiern. – On ne parle que de ça, me dit-il ; on s’attendait que l’Empereur lui ferait grâce, mais le télégraphe a répondu qu’il fallait le fusiller… Il l’avait déjà échappé belle ; aujourd’hui on lui a fait son affaire. C’était une pitié de lui entendre demander pardon ! pardon ! en essayant de se relever, après la première décharge ; et les cris des chiens qui se trouvaient derrière, et qui avaient attrapé des balles ! il y avait