Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/20

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le succès de mon plan et pour ne pas me rendre suspect, il fallait pourtant faire une tentative, qui confirmât au moins l’espoir que j’avais donné à mon compagnon ; je lui fis part de mon projet : en passant rue Mercière, nous entrâmes brusquement dans un passage, dont je tirai la porte sur nous, et pendant que les agents couraient à l’autre issue, nous sortîmes tranquillement par où nous étions entrés. Lorsqu’ils revinrent, tout honteux de leur gaucherie, nous étions déjà loin.

Deux jours après, Neveu, dont on n’avait plus besoin, et qui ne pouvait plus me soupçonner, fut arrêté de nouveau. Pour moi, connaissant alors les voleurs qu’on voulait découvrir, je les signalai aux agents de police, dans l’église de Saint-Nizier, où ils s’étaient réunis un dimanche, dans l’espoir de faire quelque coup à la sortie du salut. Ne pouvant plus être utile à l’autorité, je quittai ensuite Lyon pour me rendre à Paris, où, grâce à M. Dubois, j’étais sûr d’arriver sans être inquiété.

Je partis en diligence par la route de la Bourgogne ; on ne voyageait alors que de jour. À Lucy-le-Bois, où j’avais couché comme tous les voyageurs, on m’oublia au moment du départ,