Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/206

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Allons donc, papa Hurtrel, il faudrait être de liège, lui répliquai-je, pour se risquer à faire le plongeon de si haut ; la Scarpe est bien profonde pour quelqu’un qui ne sait pas nager. – C’est vrai, observa le concierge ; et la conversation en resta là ; mais mon parti était pris. Bientôt il survint du monde, le concierge se mit à jouer, et au moment où il était le plus occupé de sa partie, je me précipitai dans la rivière.

Au bruit de ma chute, toute la société courut à la fenêtre, tandis que Wettu appelait à grands cris la garde et les porte-clefs pour se mettre à ma poursuite. Heureusement le crépuscule permettait à peine de distinguer les objets ; mon chapeau, que j’avais d’ailleurs jeté à dessein sur la rive, fit croire que j’étais immédiatement sorti de la rivière, pendant que je continuai à nager dans la direction de la porte d’eau, sous laquelle je passai avec d’autant plus de peine, que j’étais transi de froid, et que mes forces commençaient à s’épuiser. Une fois hors de la ville, je gagnai la terre ; mes vêtements, trempés d’eau, pesaient plus de cent livres ; je n’en pris pas moins ma course, et ne m’arrêtai qu’au village de Blangy, situé à deux lieues d’Arras. Il était quatre heures