Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/209

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ton train, reprit le maréchal des logis qui commandait le peloton, nous savons le gîte, et le mot d’ordre est Hersin : demain, à cette heure, il sera coffré.

Nous continuâmes notre route fort paisiblement ; cependant il me vint une crainte : des insignes militaires pouvaient m’exposer à quelques chicanes qui auraient pour moi un résultat désagréable. La guerre de Prusse était commencée, et l’on voyait peu d’officiers à l’intérieur, à moins qu’ils n’y fussent ramenés par quelque blessure. Je me décidai à porter le bras en écharpe : c’était à Iéna que j’avais été mis hors de combat, et si l’on m’interrogeait, j’étais prêt à donner sur cette journée, non seulement tous les détails que j’avais lus dans les bulletins, mais encore tous ceux que j’avais pu recueillir, en entendant une foule de récits vrais ou mensongers faits par des témoins, oculaires ou non. Au total, j’étais ferré sur ma bataille d’Iéna, et je pouvais en parler à tout venant avec connaissance de cause : personne n’en savait plus long que moi : je m’acquittai parfaitement de mon rôle à Beaumont, où la lassitude du cheval, qui avait fait trente-cinq lieues en un jour et demi, nous obligea de faire halte. J’avais déjà pris langue