Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/211

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rompit les bandes d’une main incertaine, et voulut essayer de lire, mais ses yeux obscurcis ayant rendu inutile toute tentative de ce genre, il me pria de le suppléer dans ses fonctions ; j’ouvre une lettre, et les premiers mots qui frappent mes regards sont ceux-ci : Brigade d’Arras. Je parcours de la vue, c’était l’avis de mon passage à Beaumont ; on ajoutait que je devais avoir pris la diligence du Lion d’argent. Malgré mon trouble, je lus le signalement en le dénaturant : – Bon ! bon ! dit le très sobre et très vigilant maréchal des logis, la voiture ne passe que demain matin, on s’en occupera », et il voulut recommencer à boire sur de nouveaux frais, mais ses forces trompèrent son courage ; on fut obligé de l’emporter dans son lit, au grand scandale de toute l’assistance, qui répétait avec indignation : – Un maréchal des logis ! un homme gradé ! se mettre dans des états pareils !

On pense bien que je n’attendis pas le réveil de l’homme gradé ; à cinq heures, je pris place dans la diligence de Beaumont, qui le même jour me conduisit sans encombre à Paris, où ma mère, qui n’avait pas cessé d’habiter Versailles, vint me rejoindre. Nous demeurâmes ensemble quelques mois dans le faubourg Saint-Denis,