Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/220

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marchandises, j’entends un bruit extraordinaire, je mets la tête à la fenêtre : c’est la chaîne, que conduisent Thierry et ses argousins ! À cet aspect si terrible et si dangereux pour moi, je me retire brusquement, mais dans mon trouble je casse un carreau : soudain tous les regards se portent de mon côté ; j’aurais voulu être aux entrailles de la terre. Ce n’est pas tout : pour mettre le comble à mon inquiétude, quelqu’un ouvre ma porte, c’est l’aubergiste du Faisan, Mme Gelat. « Venez donc, M. Jacquelin, venez donc voir passer la chaîne, me crie-t-elle !… Oh ! il y a longtemps qu’on n’en a pas vu une si belle !… ils sont au moins cent cinquante, et de fameux gaillards encore !… Entendez-vous comme ils chantent ? » Je remerciai mon hôtesse de son attention, et, feignant d’être occupé, je lui dis que je descendrais dans un moment. « Oh ! ne vous pressez pas, me répondit-elle, vous avez le temps… ils couchent ici dans nos écuries. Et puis, si vous souhaitez causer avec leur chef, on va lui donner la chambre à côté de la vôtre. » Le lieutenant Thierry, mon voisin ! À cette nouvelle, je ne sais pas ce qui se passa dans moi ; mais je pense que si Mme Gelat m’eût observé, elle