Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/265

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de la fausse monnaie et, pour me donner un échantillon de son savoir-faire, il coula devant moi huit pièces de cinq francs, que sa femme passa dans la même journée. On ne devine que trop tout ce qu’il y avait d’alarmant pour moi dans la confidence de Bouhin.

D’abord j’en tirai la conséquence que vraisemblablement, d’un instant à l’autre, son passeport serait une très mauvaise recommandation aux yeux de la gendarmerie ; car, d’après le métier qu’il faisait, Bouhin devait tôt ou tard se trouver sous le coup d’un mandat d’amener, partant, l’argent que je lui avais donné était furieusement aventuré, et il s’en fallait qu’il y eût de l’avantage à être pris pour lui. Ce n’était pas tout : vu cet état de suspicion qui, dans les préventions du juge et du public, est toujours inséparable de la condition de forçat évadé, n’était-il pas présumable que Bouhin, traduit comme faux monnayeur, je serais considéré comme son complice ? La justice a commis tant d’erreurs ! condamné une première fois quoique innocent, qui me garantissait que je ne le serais pas une seconde ? Le crime qui m’avait été à tort imputé, par cela seul qu’il me constituait faussaire, rentrait nominalement