Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/315

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de vingt réverbères furent pris successivement, rue Fontaineau-Roi, sans que l’on pût atteindre les voleurs qui étaient venus les décrocher. Pendant un mois entier, des inspecteurs avaient été aux aguets afin de les surprendre, et la première nuit qu’ils suspendirent leur surveillance, les réverbères disparurent encore : c’était comme un défi porté à la police. Je l’acceptai pour mon compte, et, au grand désappointement de tous les Argus du quai du Nord, en peu de temps je parvins à livrer à la justice ces effrontés voleurs, qui furent tous envoyés aux galères. L’un d’entre eux se nommait Cartouche ; j’ignore s’il avait subi l’influence du nom, ou s’il exerçait un talent de famille : peut-être était-il un descendant du célèbre Cartouche ? Je laisse aux généalogistes le soin de décider la question.

Chaque jour je faisais de nouvelles découvertes ; on ne voyait entrer dans les prisons que des gens qui y étaient envoyés d’après mes indications, et pourtant aucun d’eux n’avait même la pensée de m’accuser de l’avoir fait écrouer. Je m’arrangeai si bien, qu’en dedans comme au-dehors, rien ne transpirait ; les voleurs de ma connaissance me tenaient pour le meilleur de leurs camarades, les autres s’estimaient heureux de