Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/32

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rue de… m’avaient quelque temps hébergé. Je résolus de renoncer à leur hospitalité, et je rêvais en même temps au moyen de me montrer en public sans inconvénient. Quelques milliers de prisonniers autrichiens étaient alors entassés dans la citadelle d’Arras, d’où ils sortaient pour travailler chez les bourgeois, ou dans les campagnes environnantes ; il me vint à l’idée que la présence de ces étrangers pourrait m’être utile. Comme je parlais allemand, je liai conversation avec l’un d’entre eux, et je réussis à lui inspirer assez de confiance pour qu’il me confessât qu’il était dans l’intention de s’évader… Ce projet était favorable à mes vues ; ce prisonnier était embarrassé de ses vêtements de Kaiserlik, le lui offris les miens en échange, et, moyennant quelque argent que je lui donnai, il se trouva trop heureux de me céder ses papiers. Dès ce moment, je fus Autrichien aux yeux des Autrichiens eux-mêmes, qui, appartenant à différents corps, ne se connaissaient pas entre eux.

Sous ce nouveau travestissement, je me liai avec une jeune veuve qui avait un établissement de mercerie dans la rue de… ; elle me trouvait de l’intelligence ; elle voulut que je