Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/330

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transporté dans une chambre où étaient Boudin et Saint-Germain : ce dernier parut vivement touché de ma mort ; il répandit des larmes, et il fallut employer la force pour l’empêcher de se précipiter sur ce qu’il croyait n’être plus qu’un cadavre.

Saint-Germain était un homme de cinq pieds huit pouces, dont les muscles étaient vigoureusement tracés ; il avait une tête énorme et de petits yeux, un peu couverts, comme ceux des oiseaux de nuit ; son visage, profondément sillonné par la petite vérole, était fort laid, et pourtant il ne laissait pas que d’être agréable, parce qu’on y découvrait de l’esprit et de la vivacité : en détaillant ses traits, on lui trouvait quelque chose de l’hyène ou du loup, surtout si l’on faisait attention à la largeur de ses mâchoires, dont les saillies étaient des plus prononcées. Tout ce qui était de l’instinct des animaux de proie prédominait dans cette organisation ; il aimait la chasse avec fureur, et la vue du sang le réjouissait ; ses autres passions étaient le jeu, les femmes et la bonne chair. Comme il avait le ton et les manières de la bonne compagnie, qu’il s’exprimait avec facilité, et était presque toujours vêtu avec élégance, on pouvait dire qu’il était