Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/331

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un brigand bien élevé ; quand il y était intéressé, personne n’avait plus d’aménité et de liant que lui ; dans toute autre circonstance, il était dur et brutal. À quarante-cinq ans, il avait vraisemblablement commis plus d’un meurtre, et il n’en était pas moins joyeux compagnon lorsqu’il se trouvait avec des gens de son espèce. Son camarade Boudin était d’une bien plus petite stature : il avait à peine cinq pieds deux pouces ; il était gros et maigre ; avec un teint livide, il avait l’œil noir et vif, quoique très enfoncé. L’habitude de manier le couteau de cuisine, et de couper des viandes, l’avait rendu féroce. Il avait les jambes arquées : c’est une difformité que j’ai observée chez plusieurs assassins de profession, et chez quelques autres individus réputés méchants.

Je ne me souviens pas qu’aucun événement de ma vie m’ait procuré plus de joie que la capture de ces scélérats : je m’applaudissais d’avoir délivré la société de deux monstres, en même temps que je m’estimais heureux d’avoir dérobé au sort qui leur était réservé le cocher Debenne, qu’ils eussent entraîné avec eux. Cependant tout ce que j’éprouvais de contentement n’était que relatif à ma situation, et je