Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/335

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me concerter à l’avance avec les officiers de paix et de sûreté, toutes les fois que je serais à portée de leur faire opérer une capture : on voit quelle était ma tâche, je me mis à parcourir tous les mauvais lieux de l’intérieur et des environs. En peu de jours je parvins à connaître tous les repaires où je pourrais rencontrer les malfaiteurs : la barrière de la Courtille, celles du Combat et de Ménilmontant étaient les endroits où ils se rassemblaient de préférence. C’était là leur quartier général, ils y étaient constamment en force, et malheur à l’agent qui serait venu les y trouver, n’importe pour quel motif : ils l’auraient infailliblement assommé ; les gendarmes n’osaient même pas s’y montrer, tant cette réunion de mauvais sujets était imposante. Moins timide, je n’hésitai pas à me risquer au milieu de cette tourbe de misérables, je les fréquentais, je fraternisais avec eux, et j’eus bientôt l’avantage d’être regardé par eux comme un des leurs. C’est en buvant dans la compagnie de ces messieurs, que j’apprenais les crimes qu’ils avaient commis ou ceux qu’ils préméditaient ; je les circonvenais avant tant d’adresse, qu’ils ne faisaient pas difficulté de me découvrir leur demeure ou celle des femmes avec lesquelles ils vivaient en concubinage.